UN JOUR, UN ÉVÉNEMENT - EN AOÛT 1848

12/08/2025

📜  Un jour, un événement - en août 1848 🇷🇪

Avant l'arrivée de Sarda Garriga à La Réunion en octobre 1848, l'atmosphère dans la colonie était chargée de tensions et de craintes, particulièrement du côté des colons.
Le gouverneur en place, Graeb, se trouvait dans une position difficile. Il avait reçu les décrets d'abolition de l'esclavage du 27 avril 1848, mais n'osait pas les proclamer, craignant une réaction violente des colons. Ces derniers, pour la plupart grands propriétaires terriens dépendant de la main-d'œuvre servile pour leurs plantations de sucre, redoutaient non seulement la perte de leurs biens, mais aussi une révolte des esclaves sur le modèle de Saint-Domingue.
Face à cette situation, Graeb est entré en conflit avec T.F. Page, le capitaine de frégate de la Marine française, qui était également présent à La Réunion en août, il ne partageait pas la crainte du gouverneur contre l'arrivée de Sarda Garrida et a refusé d'orchestrer un massacre.
T.F. Page, représentant de l'autorité métropolitaine et de la Seconde République, pressait Graeb d'appliquer les décrets. Graeb, lui, était plus prudent et craignait les conséquences d'une abolition trop rapide pour la stabilité de la colonie.
Les colons s'organisaient et faisaient pression sur le gouverneur pour qu'il retarde au maximum l'application de l'abolition, quitte à désobéir à Paris. Leurs craintes étaient doubles :
* Économiques : La libération des esclaves menaçait de paralyser l'économie sucrière, pilier de la prospérité de l'île. Ils s'inquiétaient de ne plus avoir de main-d'œuvre pour les plantations.
* Sociales et sécuritaires : Ils craignaient le désordre, le vagabondage des anciens esclaves, et surtout une insurrection violente.
C'est dans ce contexte de fortes tensions entre les autorités, les colons et la population servile, que Sarda Garriga arrive en octobre 1848 avec la mission explicite de mettre en œuvre l'abolition. Sa première tâche a été de rassurer les colons et de prévenir tout trouble, tout en préparant la libération des esclaves. Son discours, axé sur l'ordre et le maintien de l'économie, a été crucial pour désamorcer les tensions et permettre une transition, certes non sans heurts.