
UN JOUR, UN ÉVÉNEMENT - 06 OCTOBRE
Un jour, un événement - 6/10
Le 6 octobre 1934 : une date clé pour l'éducation des filles à La Réunion
Un contexte colonial en mutation
Au début du XXᵉ siècle, La Réunion, encore colonie française, vit une période de transformation sociale et éducative. L'école publique, héritée des lois Ferry de la IIIᵉ République, s'installe progressivement sur l'île. Pourtant, l'instruction reste largement inégale selon le sexe : les garçons ont déjà accès à un réseau d'écoles primaires et secondaires, tandis que les filles sont souvent cantonnées à une éducation ménagère ou religieuse.
C'est dans ce contexte que les autorités locales, soutenues par l'administration coloniale et l'inspection académique, décident de créer un établissement spécifiquement destiné à prolonger la scolarité des jeunes filles après le primaire.
La création du Cours supérieur de jeunes filles
Le 6 octobre 1934, un décret officiel fonde à Saint-Denis le Cours supérieur des jeunes filles, considéré comme le premier établissement public d'enseignement secondaire féminin de La Réunion.Installé dans un bâtiment de la rue de Paris, au cœur du chef-lieu, ce cours supérieur marque une étape essentielle dans l'histoire éducative de l'île. Il permet aux jeunes Réunionnaises, issues de milieux sociaux variés, d'accéder à un enseignement plus complet, ouvrant la voie à des carrières jusque-là réservées aux hommes.
Ce nouvel établissement se distingue par la rigueur de son programme et par la qualité de son encadrement. Les matières enseignées — français, histoire, géographie, sciences, morale et travaux pratiques — visent à former des citoyennes instruites, capables de participer pleinement à la vie de la société réunionnaise.
Pourquoi le nom de Juliette Dodu ?
L'école reçoit le nom de Juliette Dodu (1848-1909), héroïne française de la guerre de 1870. Cette jeune femme s'était illustrée en interceptant des messages ennemis, ce qui lui valut la Légion d'honneur.Choisir son nom pour désigner le nouvel établissement n'est pas anodin : Juliette Dodu symbolise le courage, la culture et le patriotisme — des valeurs que l'administration souhaite transmettre aux élèves réunionnaises. Elle devient ainsi un modèle féminin d'instruction et d'engagement civique.
Une avancée dans l'émancipation féminine
La création du Cours supérieur de jeunes filles constitue un tournant majeur dans la place des femmes dans la société réunionnaise.À une époque où l'accès à l'éducation reste limité, cette institution offre aux filles une ouverture vers l'autonomie intellectuelle et professionnelle. Beaucoup de ses anciennes élèves poursuivront des carrières d'enseignantes, d'infirmières, de secrétaires ou d'employées de l'administration, contribuant ainsi à transformer la structure sociale de l'île.
Cette initiative s'inscrit également dans un mouvement plus large d'émancipation féminine, porté par les idées de la République et par une lente mais réelle évolution des mentalités. Le 6 octobre 1934 apparaît ainsi comme une date fondatrice pour l'égalité des chances à La Réunion.
