UN AMOUR ÉCONDUIT, UN ACTE CRIMINEL

22/04/2025

Louis Joseph CADET, né le 25 juin 1897 à Saint-Denis au domicile de sa mère, rue Labourdonnais, était le fils naturel de Léontine CADET, couturière. Il se trouve que sa famille avait un lien de parenté avec celle de ma mère.

Louis a été mobilisé pour le service militaire le 3 mai 1917 et a embarqué le lendemain, 4 mai 1917, depuis la Pointe des Galets en direction de Diégo Suarez, à Madagascar. Là-bas, il a été intégré au bataillon d'infanterie coloniale de Diégo Suarez le 10 mai en tant que soldat de deuxième classe. Le 24 novembre 1917, il a été muté au régiment d'infanterie coloniale et envoyé en France. À son arrivée, il a été dirigé vers le dépôt des isolés des troupes coloniales de Marseille. Le 1er janvier 1918, il a rejoint le 112ème régiment d'infanterie. Cependant, lors de la séance du 15 février 1918, la commission spéciale de Toulon l'a réformé temporairement en raison d'une bronchite touchant les deux bases pulmonaires et d'un mauvais état de santé général.

Après la guerre, Louis est retourné à la Réunion où il a travaillé comme domestique pour un particulier, subvenant à ses besoins grâce à cet emploi. À l'âge de 23 ans, il était célibataire et ne vivait pas en concubinage. Il mesurait 1m40, avait les cheveux noirs, les yeux marrons, un visage ovale, un teint cuivré, une bouche de taille moyenne, un nez ordinaire et un menton rond. De confession catholique, il était illettré. Il jouissait d'une bonne constitution et d'une bonne santé.

Alors qu'il était connu pour sa bonne conduite à son retour de la guerre, le comportement de Louis prit un tournant inquiétant quelques années après.

CADET Louis fréquentait assidûment les locataires de l'immeuble Cazemage, situé rue de l'Est à Saint-Denis. Éconduit par Mlle Camille BEGUE, l'une des résidentes, il nourrit un désir de vengeance. 

Le 28 juillet 1920, vers 21h30, il imprégna un vieux pantalon de pétrole et se rendit au domicile de la jeune femme. Il plaça l'étoffe enflammée dans l'espace entre le mur de l'immeuble et la cloison de la chambre de Camille BEGUE, avant de regagner son propre logement. 

Il reconnut avoir provoqué l'incendie, attribuant son geste à l'ivresse pour en minimiser la gravité. Cependant, ce témoignage fut contredit par des personnes l'ayant aperçu une demi-heure auparavant dans un état normal.

Le 30 juillet 1920 marqua l'incarcération immédiate de Louis à la maison d'arrêt de Saint-Denis, en attendant le verdict de la justice. Celui-ci tomba le 12 octobre 1920 : la Cour d'Assises de Saint-Denis le condamna à sept années de travaux forcés pour incendie volontaire, tout en lui accordant une dispense d'interdiction de séjour.

Après une vaccination en janvier 1923, le 8 décembre de la même année vit l'émission d'un ordre de transfert : Louis devait être extrait de sa prison et conduit à Marseille pour embarquer sur le paquebot Amiral Pierre, direction le redouté bagne de Guyane. Sa dangerosité supposée le fit voyager en compagnie de 27 autres détenus réunionnais.

Pourtant, le 18 février 1924, son voyage prit une autre direction : il fut transféré de la prison de Saint-Pierre à Marseille vers la prison civile d'Alger par un navire de la Compagnie Transatlantique. Ce n'est que quelques mois plus tard qu'il embarqua finalement sur le steamer la Martinière pour la Guyane.

La commission de classement avait initialement prévu d'affecter Louis à des entreprises guyanaises (2ème classe, juillet 1925), le jugeant apte aux travaux extérieurs en raison de son absence de pathologies chroniques.

Néanmoins, suite à des renseignements du dépôt de la Maison Carrée en Algérie, une surveillance fut demandée, aboutissant à son classement en catégorie B des internés aux îles du Salut (avril 1926). Cette décision fut rapidement annulée par la commission de discipline (novembre 1926).

Il n'y a pas de détails disponibles sur ce qui s'est passé pendant le reste de sa détention au bagne.

Libéré après sept ans de bagne (août 1927), Louis fut ensuite jugé inapte à subvenir à ses besoins en raison de sa "misère physiologique" et classé parmi les impotents (avril 1929).

Atteint d'asystolie et d'anémie grave, il décéda le 1er septembre 1929 à Saint-Laurent de Maroni, et son décès fut enregistré en Guyane puis à La Réunion le 31 janvier 1930.


CARTE DE ST DENIS - GUIDE MICHELIN
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