
RETROUVAILLES SPIRITUELLES À LA RÉUNION
#RDV Ancestral : La règle du jeu est la suivante : je me transporte dans son époque et je rencontre un ascendant ou collatéral.
Aujourd'hui, le passé prendra vie : je me rendrai à la rencontre de Louis Euphémie DAMOUR, devenu Frère Isaïe d'Égypte, l'oncle de mon arrière-grand-mère, Marie Appoline PICARD.
Le vent chaud de La Réunion en cette année 1871 me caresse le visage. Je me tiens devant le portail du noviciat des Frères des Écoles Chrétiennes à Saint-Denis. Un homme en soutane s'approche.
« Bonjour, Frère Isaïe ? » interrogeai-je, une pointe de nervosité dans la voix.
Un sourire paisible se dessine sur ses lèvres. « Oui, c'est moi. Et vous êtes ? »
«Christiane. Je suis l'arrière-arrière-petite-fille de votre sœur, Louise Fanélie et sa fille Marie Appoline est mon arrière-grand-mère.»
« C'est grâce à ses descendants Joseph, mon grand-père et Claude mon père, que je suis là aujourd'hui. »
Ses yeux s'illuminent d'une douce surprise.
« Louise Fanélie… ma grande sœur ! Je me souviens si bien d'elle. Que me vaut cette visite inattendue ? »
« Je fais des recherches sur notre famille. J'ai appris beaucoup de choses sur votre vie, votre engagement ici. »
« J'ai trouvé des informations vous concernant aux archives Lasalliennes. »
« Ah, les archives… C'est bien que l'on se souvienne. »
« Ma vie… elle était simple. Dévouée à l'enseignement, à ces enfants et ces adultes de La Réunion que j'aimais tant. Nous faisions de notre mieux pour soulager la misère. Madame Hubert Delisle, la femme du gouverneur, était d'un grand soutien dans ces œuvres de charité.»
« Oui, j'ai lu cela. Son implication était admirable. »
« Une femme au grand cœur. Elle comprenait les difficultés de cette terre. »
Un silence s'installe, empli du bruissement des feuilles.
« Louise Fanélie et Marie Appoline… comment ont-t-elles vécu ? Marie Appoline avait environ quatorze ans quand je suis parti. »
« Marie Appoline a vécu une longue vie, s'éteignant à l'âge de 85 ans. »
Quant à Louise Fanélie sa mère, elle… elle est décédée en 1882 à l'âge de 47 ans. »
Un voile de tristesse passe sur son visage. « Quarante-sept ans… si jeune. La vie est parfois si fragile. »
« Je suis parti pour la métropole en 1877. Paris… une autre vie. »
« Vous avez continué votre œuvre d'éducateur là-bas, dans différentes institutions. »
« C'était ma vocation. Suivre les pas de Saint Jean-Baptiste de La Salle. »
Je prends une inspiration, sentant l'émotion monter. « Frère Isaïe… je sais que vous avez quitté ce monde à Paris, en 1884, rue Oudinot. Ce bâtiment… après votre décès, il a eu une histoire singulière. Il est devenu, au fil du temps, le siège du Ministère des Colonies, et aujourd'hui… c'est le Ministère de l'Outre-Mer. »
Son visage s'éclaire d'une expression contemplative. « Le Ministère de l'Outre-Mer… dans cette maison où mon chemin s'est achevé… C'est une ironie douce et inattendue. Un lien entre cette île qui a bercé mon enfance et le lieu de mon dernier souffle. La mémoire des colonies… dans mes derniers murs. La boucle est étrangement bouclée. La Providence a parfois des chemins bien étranges. Merci de m'avoir appris cela, Christiane. C'est une information… inattendue et significative. » Son image commence à s'estomper doucement.
« Prenez soin de notre famille. »

