LES TISANEURS LONTAN

08/11/2025

Les tisaneurs lontan

À La Réunion, les montagnes, ravines et jardins créoles ont longtemps été le terrain de chasse des « tisaneurs », ces figures emblématiques de la tradition populaire réunionnaise. Tels des gardiens du savoir ancestral, ils récoltaient, séchaient et préparaient des tisanes à partir des plantes locales pour soigner les maux du quotidien. Pour les passionnés de généalogie, ces figures offrent une fenêtre fascinante sur la vie de nos ancêtres et les pratiques de santé d'autrefois.

Les tisaneurs : gardiens d'un savoir populaireLe tisaneur, parfois appelé « zerbaz péï », n'était pas seulement un vendeur de plantes. Il était un passeur de traditions, transmettant son savoir oral de génération en génération. Ce savoir mêlait influences malgaches, africaines, indiennes et européennes. En retraçant l'histoire de ces familles de tisaneurs, on découvre souvent des liens étroits avec les villages, les quartiers et même les premières plantations, révélant des strates de l'histoire locale peu documentées par ailleurs.

Plantes et usages traditionnels

1. Ayapana (Ayapana triplinervis)

* Usage traditionnel : troubles digestifs, nausées et indigestions.

* Mode de préparation : infusion ou décoction des feuilles. Les ancêtres avaient souvent ce remède à portée de main pour soulager les enfants et les voyageurs fatigués.

2. Lingue-café (Mussaenda arcuata)

* Usage traditionnel : plante anti-inflammatoire et dépurative.

* Mode de préparation : infusion des feuilles ou fleurs. Idéale pour se remettre d'un rhume ou d'une période de fatigue, elle illustre la manière dont les tisaneurs combinaient soin et confort quotidien.

3. Ambaville (Hubertia ambavilla)

* Usage traditionnel : ulcères gastriques et maladies de peau comme l'eczéma ou l'acné.

* Mode de préparation : décoction des feuilles. Une plante que nos ancêtres utilisaient pour protéger leur santé dans un climat tropical propice aux affections cutanées. 

4. Bois de pêche / Goyave marron (Psiloxylon mauritianum)

* Usage traditionnel : excès de cholestérol et albuminurie.

* Mode de préparation : infusion des feuilles. Un exemple de remède interne pour réguler l'organisme, souvent transmis de mère en fille.

5. Bois jaune (Ochrosia borbonica)

* Usage traditionnel : fébrifuge et tonique.

* Mode de préparation : infusion ou décoction de l'écorce ou des feuilles. Elle montre comment les tisaneurs combinaient vertus curatives et prévention des maladies.

Pourquoi ces plantes sont importantes pour la généalogie

Étudier les pratiques des tisaneurs, c'est remonter le fil des modes de vie, des migrations et des savoir-faire des familles réunionnaises. Ces plantes racontent :Les réseaux d'échanges entre villages et quartiers.Les influences culturelles sur les pratiques de santé.Les choix écologiques et alimentaires qui ont façonné le quotidien des ancêtres.

Conclusion

Le monde des tisaneurs réunionnais est un trésor pour les amateurs d'histoire locale. À travers chaque infusion et chaque feuille, on touche du doigt les pratiques, les valeurs et la résilience de nos ancêtres. Ces remèdes naturels, transmis de génération en génération, restent une clé pour comprendre la vie quotidienne et les soins populaires à La Réunion d'autrefois.




Sources : 

  • Association APLAMEDOM – "Plantes médicinales de La Réunion" : documentation associative sur les usages traditionnels des plantes et témoignages de tisaneurs.

  • Jean Paul Barret, Zerbages et remèdes lontan à La Réunion, Éditions Orphie : ouvrage de référence sur les plantes médicinales et les pratiques traditionnelles réunionnaises.

  • Réunion.fr