LES THERMES DE CILAOS : LÀ OÙ L’EAU GUÉRIT AU LIEU DE DÉTRUIRE

Sur cette île de l'océan Indien où l'eau a souvent montré un visage impitoyable — dans les cyclones dévastateurs, les attaques de requins, les raz-de-marée soudains ou encore les naufrages tragiques au large de ses côtes —, j'ai choisi de vous parler d'une autre eau. Une eau douce et bienfaisante, née des entrailles de la montagne, qui soigne au lieu de ravager, qui apaise au lieu de briser. Une eau qui, depuis plus de deux siècles, attire les hommes à la recherche de sérénité et de renouveau : celle des Thermes de Cilaos.

Niché dans le majestueux cirque éponyme, ce site unique raconte une histoire de patience et de résilience, d'épreuves surmontées et de renaissances successives. Dans ces hauteurs, entre brumes et remparts volcaniques, l'eau est une alliée précieuse, et non une ennemie redoutée.

Quand la montagne révèle ses secrets :

C'est en 1815 que Paulin Técher, modeste habitant du cirque et chasseur de cabris sauvages, découvre les sources chaudes. Il ne se doute pas encore qu'il vient de révéler à La Réunion une richesse précieuse. Dès les années 1830, on monte à Cilaos pour s'y baigner et boire l'eau, malgré les sentiers vertigineux et l'accès difficile, réservé aux plus téméraires ou aux plus fortunés. À la fin du XIXᵉ siècle, le docteur Jean-Marie Mac Auliffe devine tout le potentiel de ces eaux et fait bâtir le premier établissement thermal, dont il prend la direction en 1900.

Destruction et renaissance :

Mais la montagne et le ciel ne sont jamais tendres bien longtemps à La Réunion : en 1948, un cyclone emporte presque tout. Comme tant de villages côtiers autrefois engloutis par les flots, Cilaos connaît la douleur de la destruction. Pourtant, les thermes sont reconstruits, d'abord en 1950, puis à nouveau en 1987 grâce à la ténacité du maire Irénée Accot, qui donne son nom au nouvel établissement du lieu-dit Grand Matarum. Depuis, deux grandes rénovations (en 2007 et 2017) ont permis d'élever encore le niveau de confort et de modernité. Aujourd'hui, les thermes appartiennent au Conseil départemental de La Réunion.
 
Les bienfaits des sources du Piton des Neiges 

Deux sources minérales, jaillissant du massif du Piton des Neiges, alimentent les thermes : Véronique, aux eaux tièdes (31 °C), idéale pour les cures de boisson, et Irénée, plus chaude (37 °C), pour les soins externes. À chaque gorgée, à chaque immersion, on a la sensation de réconcilier son corps et son esprit, dans un écrin naturel qui invite à la paix intérieure

Le Grand Hôtel - un faste passé et une promesse d'avenir :

Un peu plus loin, le Grand Hôtel des Thermes témoigne d'une époque plus élégante, où Cilaos accueillait les élites venues goûter à ses charmes. Construit dans les années 1930 après l'ouverture de la route du cirque, il a brillé avant de sombrer dans l'oubli et la ruine à partir de 2000. Malgré  le lancement en 2021 d'un projet de renaissance visant à le transformer sous la forme d'un 4 étoiles alliant charme historique et confort moderne, avec restaurant, microbrasserie, spa thermal et une quarantaine de chambres, cet hotel reste à ce jour un projet non réalisé.

Quand l'eau console et répare :

Sur cette île fougueuse, où la mer a englouti des marins, où les flots et les vents ont brisé des villages entiers, il est réconfortant de venir ici et de se rappeler que l'eau sait aussi consoler. À Cilaos, elle se fait douce et réparatrice, offrant ses bienfaits à tous ceux qui viennent se ressourcer dans le cirque.

Alors, si vos pas vous mènent un jour à Cilaos, offrez-vous ce moment suspendu, entre ciel et terre, où l'eau devient votre alliée. Et laissez-vous emporter, non pas par la violence des flots, mais par la tendresse des sources.

#Généathème est un défi lancé par Généatech. Le thème change tous les mois.