
LES PREMIÈRES ÉCOLES SUR L'ÎLE
L'arrivée des congrégations éducatives à Bourbon en 1817
L'histoire du système éducatif à l'Île Bourbon (aujourd'hui La Réunion) connaît un tournant décisif en 1817. Cette année-là marque l'arrivée de deux congrégations religieuses enseignantes, appelées par les autorités coloniales pour organiser l'instruction dans une société où l'éducation demeurait jusque-là très limitée.
Un contexte colonial particulier
Au début du XIXᵉ siècle, Bourbon est une colonie française où la scolarisation reste embryonnaire. La majorité de la population — notamment les enfants issus de familles modestes ou de la population libre de couleur — n'a pas accès à l'instruction. Les autorités de la colonie, conscientes de ce déficit, sollicitent des congrégations spécialisées dans l'enseignement afin de mettre en place des écoles structurées.
Les Frères des Écoles chrétiennes
Le 15 mai 1817, six frères des Écoles chrétiennes débarquent à Bourbon. Leur arrivée inaugure officiellement l'organisation de l'enseignement primaire dans l'île. Très rapidement, ils ouvrent trois écoles : à Saint-Denis, à Saint-Paul et à Saint-Pierre. Leur mission est d'offrir une éducation gratuite, avec un programme fondé sur la lecture, l'écriture, le calcul et la formation morale. Les débuts sont difficiles : manque de locaux, réticences d'une partie de la société coloniale, et faibles moyens financiers.
Les Sœurs de Saint-Joseph de Cluny
Quelques semaines plus tard, quatre religieuses de la congrégation de Saint-Joseph de Cluny les rejoignent. Leur premier établissement ouvre à Saint-Paul le 8 septembre 1817. Les sœurs se consacrent à l'éducation des filles, souvent laissées pour compte dans la scolarisation de l'époque. Elles se heurtent elles aussi à des contraintes matérielles importantes, mais parviennent à mettre en place une structure durable.
Implantation progressive et héritage
L'action combinée des deux congrégations constitue un point de départ essentiel pour la diffusion de l'instruction à Bourbon. Au fil des décennies, leur présence se renforce, avec l'ouverture de nouveaux établissements, des cours du soir, et un engagement croissant auprès des populations pauvres ou marginalisées. Après l'abolition de l'esclavage en 1848, leur rôle devient d'autant plus déterminant pour l'accès à l'instruction des nouveaux libres.
Pour les généalogistes, cette période est riche d'informations : elle permet de situer le contexte de vie d'ancêtres ayant pu être élèves, enseignants, religieux ou associés à ces institutions naissantes. Les archives scolaires, ecclésiastiques et coloniales de cette époque peuvent contenir des traces précieuses.
Sources
1. Esclavage et scolarisation à Bourbon, Portail Esclavage Réunion.
2. Le fonds d'archives lasalliennes de l'Île de La Réunion, Archives Lasalliennes.

