LES MÉTIERS LONTAN : LES TRESSEURS DE VACOAS

Les métiers lontan (d'autrefois) à La Réunion 🇷🇪

Les tresseurs de vacoas : un savoir-faire traditionnel de La Réunion

Le métier de tresseur de vacoas fait partie des pratiques artisanales les plus anciennes et les plus emblématiques de La Réunion. Aujourd'hui souvent associé à l'artisanat d'art, il fut autrefois une activité essentielle du quotidien, largement pratiquée dans les Hauts comme dans les villages côtiers.

🌿 Le vacoa : une plante au cœur de la culture réunionnaise

Le vacoa (Pandanus utilis) est une plante robuste dotée de longues feuilles dentelées, poussant dans les zones littorales et sur les hauts plateaux. Ses feuilles, longues, résistantes et souples après séchage, ont été pendant des siècles un matériau naturel privilégié pour la fabrication d'objets utilitaires.

👐 Un métier de patience et de technique

1. Récolte
Les feuilles de vacoa étaient coupées et sélectionnées avec soin. Les tresseurs recherchaient les feuilles les plus larges, les plus saines, et suffisamment longues pour être fendues.
2. Séchage
Le séchage au soleil était incontournable : il permettait aux feuilles de durcir et de devenir résistantes. Dans certaines zones, les feuilles étaient également trempées dans l'eau de mer pour les blanchir légèrement et les assouplir.
3. Préparation
Les feuilles séchées étaient fendues en longues lanières égales. Ces lanières étaient ensuite humidifiées à nouveau pour faciliter le tressage.
4. Tressage
Le tressage se faisait entièrement à la main. Le geste, précis et rythmé, se transmettait de génération en génération. Les artisans pouvaient travailler des heures à créer des motifs serrés et réguliers.

🎒 Objets du quotidien

Grâce à leur polyvalence, les feuilles de vacoa donnaient naissance à une grande variété d'objets :
* paniers pour les récoltes,
* chapeaux et couvre-chefs,
* nattes pour dormir ou accueillir les invités,
* vannerie utilitaire (corbeilles, van, couffins),
* boîtes et coffrets.
Avant l'arrivée des matières synthétiques, ces produits étaient indispensables à la vie de tous les jours.

👥 Un savoir-faire familial et communautaire

Le tressage du vacoa était souvent un travail familial, partagé entre générations. Les femmes avaient un rôle majeur, mais les hommes fabriquaient aussi des pièces plus techniques ou destinées à la vente. Le tressage rassemblait les familles et les voisins, et créait des moments d'échanges, de transmission et de convivialité.

🌺 Un patrimoine immatériel encore vivant

Même si le plastique et les objets industriels ont réduit l'usage quotidien du vacoa, la tradition du tressage continue d'exister grâce :
* aux artisans des marchés forains,
* aux associations culturelles,
* aux ateliers pédagogiques,
* et aux initiatives pour sauvegarder le patrimoine réunionnais.

Aujourd'hui, les artisans modernisent la tradition avec des créations contemporaines : sacs, bijoux, décorations intérieures, œuvres d'art. Le vacoa reste ainsi un symbole d'authenticité et de résilience culturelle.

Sources :
1. Gilles Gérard, L'artisanat traditionnel réunionnais, Éditions du Tramail, 1998.
2. Jean-Bernard Laurent, Plantes et savoir-faire de La Réunion : le vacoa et ses usages, Revue Historique de l'Océan Indien, n°12, 2005.