
LES MÉTIERS LONTAN : LE BARDAUTIER
Le métier de bardautier à La Réunion
Un savoir-faire des Hauts aujourd'hui presque disparu
Le bardautier est l'un des métiers lontan les plus emblématiques des Hauts de La Réunion. Cet artisan du bois fabriquait et posait des bardaux, de petites planches fendues à la main, utilisées autrefois pour couvrir les toitures des maisons créoles ou des cases des hauts plateaux. Avant l'arrivée de la tôle et des matériaux modernes, les bardaux constituaient l'un des meilleurs moyens d'isoler les habitations contre la pluie, l'humidité et le vent.
Un métier né dans les Hauts de l'île
Les bardaux ont été progressivement adoptés dès les premières installations sur les pentes de l'île. Les habitants des Hauts, confrontés au froid et aux fortes pluies, ont développé cette technique en utilisant les essences locales les plus résistantes :
* tamarin des Hauts,
* bois de rempart,
* chêne noir,
* puis plus tard le cryptomeria.
Cette méthode, héritée en partie de pratiques européennes mais adaptée aux réalités réunionnaises, est devenue un véritable savoir-faire pays.
Le travail du bardautier : précision et force
Le bardautier devait d'abord choisir un bois de qualité, l'abattre ou le récolter, puis le fendre :
1. Découpe du tronc en billes.
2. Fente en fines plaquettes avec un fendoir et une hache.
3. Lissage au plane.
4. Mise en forme exacte pour un assemblage étanche.
Les bardaux étaient ensuite posés en couches superposées, garantissant une protection parfaite de la toiture. C'était un travail long, minutieux et exigeant physiquement, souvent accompli dans le froid et la brume des Hauts.
Transmission et culture des Hauts
Le métier se transmettait de génération en génération, au sein des familles ou entre voisins. Chaque bardautier avait sa manière de fendre le bois, son geste particulier, sa "patte".
Dans les cirques et les plateaux — Cilaos, Salazie, Plaine-des-Palmistes, Plaine-des-Cafres — les bardautiers faisaient partie intégrante de la vie du village.
Ce savoir-faire ne touchait pas seulement la construction : il parlait aussi de la relation intime entre les habitants et la forêt, la gestion durable du bois, et la vie rude des Hauts.
Un métier menacé… jusqu'à presque disparaître
Avec l'arrivée :
* de la tôle ondulée,
* de nouveaux matériaux,
* de normes de construction modernes,
* et la diminution de l'exploitation du bois indigène,
le métier de bardautier a décliné rapidement à partir de la seconde moitié du XXᵉ siècle.
Aujourd'hui, la presse locale rapporte qu'il ne reste plus qu'un seul bardautier encore en activité sur l'ensemble de l'île. Cet artisan perpétue la tradition principalement pour des chantiers de restauration patrimoniale, notamment des cases créoles classées ou des bâtiments remarquables.
Ainsi, ce métier, autrefois vital dans les Hauts, fait désormais partie d'un patrimoine rare, à la fois culturel, technique et historique.
Un trésor du patrimoine réunionnais
Le bardautier symbolise le génie et l'ingéniosité des premiers habitants des Hauts. La longévité des toitures en bardaux parfois plus de cinquante ans témoigne de l'efficacité de ce savoir-faire.
Aujourd'hui, la survie de ce métier repose sur la préservation du patrimoine réunionnais et sur le partage de cette mémoire avec les nouvelles générations.
Sources
* Articles de la presse locale indiquant qu'il reste un seul bardautier en activité à La Réunion (LINFO.re ; Zinfos974).
* Informations patrimoniales issues de reportages régionaux sur la restauration des bâtiments en bardaux et le savoir-faire traditionnel des Hauts.


