
LES MÉTIERS LONTAN : LE FERBLANTIER
Les ferblantiers à La Réunion d'autrefois
Parmi les métiers manuels qui ont marqué l'histoire de La Réunion, celui de ferblantier tient une place particulière. Avant l'arrivée du plastique et des produits industriels, le ferblantier était l'un des artisans les plus indispensables du quotidien. Il travaillait le métal fin — fer-blanc, zinc, tôle — pour fabriquer, réparer et entretenir une multitude d'objets utilisés dans les maisons, les boutiques, et les ateliers.
Un artisan du quotidien
Le ferblantier réunionnais était présent dans presque chaque quartier ou bourg. Son atelier, souvent installé dans une cour ou un petit local ouvert sur la rue, résonnait du bruit du marteau sur la tôle.
Il fabriquait et réparait toutes sortes d'objets indispensables à la vie de tous les jours :
Seaux, lampes à pétrole, entonnoirs, bassines, cafetières, boîtes à sucre, arrosoirs, ustensiles de cuisine, bidons et réservoirs pour les charrettes ou les usines.
Dans les campagnes, il confectionnait aussi des lampes à pétrole et des boîtes de rangement pour les habitations modestes. Son savoir-faire était à la croisée de plusieurs métiers : un peu forgeron, un peu plombier, un peu artisan du feu.
Un savoir-faire minutieux
Le ferblantier travaillait avec peu d'outils, mais beaucoup de précision :
Des marteaux, des pinces, des cisailles, un établi et surtout une lampe à souder.
Il découpait, pliait, soudait, assemblait et polissait le métal pour créer des objets solides, souvent sur mesure.
Chaque pièce portait sa marque : des rivets apparents, des soudures fines et parfois un décor simple tracé à la main.
Les ferblantiers étaient également connus pour leur débrouillardise : ils réparaient tout ce que les gens leur apportaient, transformaient les boîtes de conserve en lampes ou en jouets, et rien n'était perdu.
Un métier au service de l'économie locale
Dans les zones rurales, le ferblantier travaillait souvent pour les usines sucrières ou les petits ateliers agricoles. Il fabriquait des tuyaux, des bidons à essence ou des réservoirs de vapeur, mais aussi des pièces pour les moulins à canne.
En ville, il entretenait les lampes et les récipients des commerçants, des épiciers et des charretiers.
C'était un artisan respecté, souvent appelé pour des réparations urgentes, surtout à une époque où remplacer un objet coûtait cher.
Le déclin progressif du métier
À partir des années 1960, le métier de ferblantier a commencé à disparaître avec l'arrivée des objets en plastique, de la vaisselle industrielle et des réparations modernes.
Les grandes surfaces ont remplacé les petits ateliers, et les jeunes se sont tournés vers d'autres métiers plus lucratifs.
Aujourd'hui, seuls quelques artisans perpétuent encore ce savoir-faire, souvent dans un but patrimonial ou artistique.
Sources
Jean-Paul Rivière, La vie quotidienne à Bourbon et à La Réunion du XIXᵉ siècle, Revue de l'Océan Indien.
Jean-Bernard Laurent, La Réunion de Lontan : métiers et traditions rurales, Éditions du Tramail.

