LES FEMMES OUBLIÉES DU BAGNE : UN HÉRITAGE DOULOUREUX

18/03/2025

Lors de mes recherches sur les membres de ma famille envoyés aux bagnes de Guyane et de Nouvelle-Calédonie, j'ai été surpris de découvrir la présence de femmes parmi les condamnés. Bien qu'aucune femme originaire de La Réunion ne figure dans mes recherches, j'ai souhaité comprendre les raisons de leur déportation et les conditions de vie qu'elles ont endurées.

La loi de relégation de 1885 a joué un rôle déterminant dans l'envoi de ces femmes, souvent condamnées pour des délits mineurs. Cette loi visait à éloigner les récidivistes de la métropole, considérés comme une menace pour la société, en les déportant vers les colonies pénitentiaires. Les conditions de vie pour ces femmes, surnommées « les bagnardes ou graines de bagnardes », étaient extrêmement difficiles, similaires à celles des hommes, avec des travaux forcés, des maladies et un taux de mortalité élevé.

L'administration pénitentiaire espérait que ces femmes contribueraient à la colonisation du peuplement en se mariant avec les forçats libérés. Cependant, cette politique a eu des conséquences tragiques, notamment pour les enfants nés de ces unions. Ces enfants, vivant dans un environnement de violence et de marginalisation, étaient confrontés à des conditions d'hygiène déplorables, à la maladie et à la malnutrition.

La société coloniale stigmatisait ces enfants, les qualifiant « d'enfants du bagne » et les excluant de l'éducation et des opportunités. Par crainte de la transmission de la délinquance, l'administration a mis en place une politique de séparation des enfants de leurs parents, les plaçant dans des établissements religieux ou des familles d'accueil.

L'envoi de femmes aux bagnes représente un chapitre sombre de l'histoire coloniale française, marqué par la répression et la stratégie coloniale.  Là où la Nouvelle-Calédonie conserve la mémoire de ces femmes, la Guyane les a vues disparaître sans laisser de sépulture ni de souvenir. Les témoignages des descendants de ces familles révèlent les traumatismes et les injustices subis, laissant une empreinte indélébile sur leur existence.



Sources de recherche :

Archives nationales d'outre-mer (ANOM) : Ces archives conservent de nombreux documents sur l'histoire des bagnes, notamment des registres d'état civil, des dossiers individuels de bagnards et des rapports administratifs.

Témoignages et récits de descendants : Les témoignages des descendants de bagnards permettent de mieux comprendre les réalités vécues par ces familles. Reportage intitulé : Femmes au bagne – France Ô du 8/3/2018 - retransmis sur Youtube.


FEMMES AU BAGNE - FRANCE TV
FEMMES AU BAGNE - FRANCE TV