
LE GOUVERNEUR DIDIER DE SAINT MARTIN
Un Gouverneur de Bourbon affranchit ses esclaves 100 ans avant l'abolition
L'histoire de l'Île Bourbon est intrinsèquement liée à celle de l'esclavage, mais elle est aussi jalonnée d'actes d'humanité remarquables qui, à l'époque, défiaient l'ordre établi.
Un Affranchissement Hors Norme au XVIIIe Siècle
Au milieu du XVIIIe siècle, l'économie florissante de l'île reposait entièrement sur le travail forcé dans les plantations de café et d'épices, sous le régime extrêmement strict du Code Noir. Les affranchissements étaient rares, coûteux, et soumis à une surveillance administrative intense, car ils étaient vus comme une menace à la stabilité de la société coloniale.
C'est dans ce contexte rigide qu'intervient Didier de Saint-Martin, qui fut gouverneur de l'Île Bourbon à plusieurs reprises entre 1743 et 1748.Avant de quitter définitivement l'île pour retourner en France métropolitaine, à la fin de son dernier mandat en 1748, Didier de Saint-Martin fit un geste extraordinaire pour l'époque.Après avoir obtenu l'autorisation du Roi, il affranchit l'intégralité de ses esclaves personnels.
Un Siècle d'Avance
Cet acte de volonté et de générosité a fait date, car il s'est produit presque exactement un siècle avant l'abolition définitive de l'esclavage dans les colonies françaises, promulguée par la Deuxième République en 1848.Didier de Saint-Martin a ainsi marqué l'histoire de la Réunion par son sens de l'humanité, laissant le souvenir d'un administrateur au grand cœur qui a accordé la liberté à ses serviteurs bien avant que les lois de la République ne l'imposent. Son geste reste l'un des exemples les plus éclatants d'affranchissement collectif personnel à une époque où l'institution servile était plus que jamais dominante.
