FRÈRE ZÉBINAS : UN ÉDUCATEUR DÉVOUÉ 

06/10/2025


Né le 18 mai 1835 à Saint-Joseph (La Réunion), le Frère Zébinás, de son nom civil Louis-Marie Hoareau, était le fils de Louis-Marie Hoareau et de Marie-Geneviève Hoareau. Très tôt, il se sentit appelé à la vie religieuse et entra au noviciat des Frères des Écoles Chrétiennes le 18 janvier 1851, à l'âge de seize ans. Il reçut l'habit religieux le 19 avril 1851 et prit alors le nom de Frère Zébinás.

Dès ce jour, il consacra toute sa vie à l'éducation des jeunes de sa terre natale, fidèle à la vocation lasallienne de former « de bons chrétiens et de vertueux citoyens ». Ceux qui l'ont connu s'accordent à reconnaître en lui un religieux régulier, obéissant, pieux et charitable — un maître prudent, vigilant et zélé.

Un religieux modèle et un homme de devoir

Le Frère Zébinás avait puisé le germe de ses vertus dans l'exemple des anciens Frères de la colonie, dont il gardait un souvenir empreint de vénération. Il aimait à évoquer leurs œuvres et parlait de leur dévouement avec une chaleur d'enthousiasme qui traduisait son attachement profond à la famille du Bienheureux Jean-Baptiste de La Salle.

La ponctualité était chez lui une seconde nature : il tenait à se trouver le premier à tous les exercices de communauté, et un léger retard lui causait une véritable peine. Son obéissance le portait à demander les plus petites permissions et à observer scrupuleusement toutes les prescriptions de la Règle. Chargé parfois de sonner la cloche, il en respectait fidèlement le nombre de coups fixé.

Sa piété était profonde, sincère et rayonnante. Il récitait les prières avec une diction claire et respectueuse, approchait les sacrements avec une foi vive, et témoignait d'une grande dévotion pour les âmes du purgatoire. Le chapelet ne quittait guère ses mains, signe visible de sa confiance filiale envers la Sainte Vierge, à l'exemple du Bienheureux de La Salle.

Un maître attentif et un frère charitable

Bien qu'il eût un tempérament vif et un esprit prompt, le Frère Zébinás se montrait d'une grande maîtrise dans ses paroles. Toujours mesuré, il évitait de blesser quiconque, mettant sa vivacité au service de la bienveillance et de la charité fraternelle.

En véritable éducateur Lasallien, il avait à cœur le progrès intellectuel et moral de ses élèves. Sa carrière, relativement longue, fut marquée par un dévouement constant. De 1859 à 1874, il enseigna aux Seychelles, avant de revenir à La Réunion, où il exerça diverses responsabilités, notamment comme directeur de communautés.

Partout, il se fit estimer pour son esprit méthodique, sa vigilance et son zèle apostolique. Par son attention et sa fermeté bienveillante, il prévenait les fautes et guidait ses élèves sur la voie du bien, toujours soucieux de leur formation chrétienne et humaine.

Ses derniers jours

Rappelé à Saint-Paul en mai 1890, il y exerçait avec zèle la fonction de maître de seconde classe. Bien que sa constitution eût toujours été robuste, l'âge commençait à se faire sentir. En février de l'année suivante, il fut atteint de douleurs rhumatismales qui semblèrent d'abord bénignes, mais le 24 février, en pleine classe, il fut pris de vomissements et d'une violente fièvre.

Les soins prodigués furent vains : le 1er mars 1891, après avoir reçu les derniers sacrements avec une foi et une résignation admirable, le Frère Zébinás remit paisiblement son âme à Dieu, pendant la prière des agonisants.

Un hommage unanime

La municipalité, représentée par le Maire, son adjoint et plusieurs conseillers, voulut témoigner de sa reconnaissance en prenant à sa charge les frais des funérailles. Plus de cinq cents enfants des écoles, garçons et filles, formèrent le cortège funèbre, accompagnés d'une foule nombreuse et émue.

Ainsi s'acheva la vie du Frère Zébinás, religieux exemplaire, éducateur passionné et fils dévoué de La Réunion, dont la mémoire demeure un modèle d'humilité, de foi et de dévouement à la jeunesse.