
L'ARTICLE 44 DU CODE NOIR
Le saviez-vous ?
Au XVIIIᵉ siècle, les esclaves étaient considérés par la loi comme de simples biens matériels, au même titre que du mobilier ou des terres. Ils pouvaient être transmis en héritage, offerts en dot lors d'un mariage, ou même donnés en cadeau, parfois aux églises. Derrière ces pratiques aujourd'hui inimaginables, se cache une réalité juridique et sociale encadrée par le Code noir.
L'Article 44 du code noir mentionne ceci :
"Déclarons les esclaves être meubles et comme tels entrer dans la communauté, n'avoir point de suite par hypothèque, se partager également entre les cohéritiers, sans préciput et droit d'aînesse, n'être sujets au douaire coutumier, au retrait féodal et lignager, aux droits féodaux et seigneuriaux, aux formalités des décrets, ni au retranchement des quatre quints, en cas de disposition à cause de mort et testamentaire."
Dans les familles, lorsque le partage des biens s'avérait compliqué, il arrivait que les esclaves soient attribués par tirage au sort. Ainsi, une veuve conserva un couple d'esclaves, tandis que les enfants issus de ce couple furent répartis entre plusieurs héritiers.
Lors des mariages, il était également courant que les parents offrent aux jeunes époux un ou plusieurs esclaves, parfois en guise de dot, parfois comme avance sur héritage. On trouvait souvent, à côté de ces « présents », des objets du quotidien comme des ustensiles de cuisine ou des outils agricoles, remis généralement juste après la cérémonie.
Les donations simples étaient elles aussi fréquentes. Certains parrains ou proches offraient un esclave à leur filleul, tout en précisant que l'usage resterait au bénéfice des parents jusqu'au mariage de l'enfant.
Même les églises recevaient ce type de dons, ce qui montre combien ces pratiques étaient ancrées dans la société de l'époque.
Ces récits traduisent une réalité qui peut nous sembler insoutenable aujourd'hui : des êtres humains réduits au rang d'objets, transmis comme de simples biens matériels. Bien qu'il faille toujours replacer ces pratiques dans le contexte de leur époque, il demeure essentiel de s'en souvenir. Car c'est à travers cette mémoire que l'on mesure le chemin parcouru et l'importance de préserver, plus que jamais, la dignité et la liberté comme valeurs fondamentales.
