JOSEPH SMITH : UN PARCOURS DE LONDRES À BOURBON
Mon premier rameau* caché me connectait à Madagascar, et voici que le second dévoile des racines anglaises. Je porte en moi l'héritage de l'Europe (Angleterre,
Hollande, Belgique, Portugal, Italie, France), mais aussi de l'Afrique, de l'Inde, de
Madagascar, et de l'île Maurice. Cette diversité d'origines me pousse à me définir comme une citoyenne du monde plutôt que par ma seule identité réunionnaise.
Voici donc le parcours de Joseph Smith, (Sosa 316) probablement né à Londres entre 1712 et 1714 et de religion protestante, est celui d'un jeune homme de 24 ans qui a traversé les océans pour s'établir dans l'archipel des Mascareignes.
Après avoir navigué comme matelot depuis Lorient jusqu'à l'île de France (Maurice) où il débarque le 25 mars 1739, il s'établit deux ans plus tard, le 26 juin 1741, à Bourbon, où il gravit les échelons pour devenir commandeur à l'habitation Lagourgue à Saint-Paul. Le rôle de commandeur impliquait un engagement par "Contrat" pour une durée définie, avec la possibilité d'être "Libéré" pour bons et loyaux services. Le fait qu'en 1733, face à une pénurie, on ait engagé des matelots "Restés malades à terre" souligne les besoins en main-d'œuvre. Ce poste, régi donc par un contrat, suggère une fonction de supervision au sein de l'exploitation. Son appartenance à la 4ème classe sociale en date du 22 août 1742, qui comprenait les habitants n'ayant pas les ressources nécessaires pour l'achat d'armes ou d'uniformes, souligne ses moyens limités.
Un moment clé de sa vie est son abjuration le 13 décembre 1744, où il est écrit dans son acte : "Le 13 décembre 1744, Joseph SMITH natif de Londres, âgé d'environ 36 ans, après avoir reconnu la vérité de la religion catholique et la fausseté (hérésie ?) de celle de la religion protestante a abjuré de son plein gré et sans aucune contrainte ses erreurs et a fait sa profession de la foi catholique en présence de messieurs Antoine DUPRE, François et Paul GONNEAU qui ont signé et de Louis AMONT dit la Flamme qui a déclaré ne savoir signer. Le dit Joseph Smith a aussi signé. Ils sont tous de cette paroisse. Signé : Paul GONNEAU – François GONNEAU – Antoine DUPRE – Joseph SMITH- F. MONET, prêtre missionnaire"
Pour s'établir durablement sur l'île et y convoler en justes noces, l'abjuration était une condition nécessaire. Toutefois, il est fort probable que cet acte ait été également motivé par le contexte de la guerre franco-anglaise, qui éclata le 22 novembre 1744.
Son mariage avec Marie Fontaine le 8 mai 1748 à Saint-Pierre, après la signature d'un contrat le 7 mai 1748, marque le début d'une lignée de huit enfants. Joseph Smith vécut jusqu'à environ 60 ans, s'éteignant à Saint-Pierre le 27 octobre 1772.
Ce qui retient mon attention dans son récit, c'est la coïncidence frappante entre certaines dates clés de sa vie – son arrivée à l'île Maurice le 25 mars, son abjuration le 13 décembre et son mariage le 27 octobre – et les dates de naissance de deux de ses nièces (le 25 mars et le 27 octobre), ainsi que celles de leurs enfants (le 13 décembre et le 27 octobre, comme sa mère).
Son héritage familial se poursuit, bien que son nom ne soit plus directement transmis dans ma lignée paternelle au-delà de son fils Joseph, Hervé (Sosa 158) et de ses deux petites-filles Geneviève (Sosa 79) et Anne (Sosa 87 et 93).
*#Les rameaux cachés : ce défi généalogique né dans le groupe "Raconter sa généalogie" propose une exploration originale de nos arbres généalogiques. Le principe ? Découvrir et partager, chaque 5 du mois, l'histoire d'un ancêtre ou collatéral dans la cime de notre arbre généalogique, dont le nom apparaît très rarement (1 à 3-4 fois). Une façon de redécouvrir ces ancêtres invisibles, de leur redonner une place dans notre mémoire.
