
HOMMAGE À MON PÈRE
Pour ce #généathème du mois de Mai 2025 dont le thème est la commémoration des 80 ans de la fin de la deuxième guerre mondiale marquée par la signature de l'Armistice de 1945. J'ai choisi de mettre à l'honneur mon père.
Peu connue, l'histoire de l'engagement réunionnais durant la Seconde Guerre mondiale est pourtant marquante. Avant même la libération de l'île en novembre 1942 par les Forces Françaises Libres (opération Léopard), près de 3 500 Réunionnais ont participé à l'effort de guerre, que ce soit en tant qu'appelés lors de la campagne de France, comme volontaires au sein des FFL, ou en intégrant la Résistance.
Suite à la libération, de nouveaux jeunes Réunionnais ont continué le combat en rejoignant les FFL, des unités de parachutistes et les maquis.
C'est dans ce contexte que mon père, Claude, a pris la décision significative de s'engager volontairement dans la Marine Nationale le 21 décembre 1942. Aujourd'hui, je souhaite l'honorer.
Aîné d'une fratrie de dix enfants, il travaillait alors sur les chemins de fer de la Réunion et aspirait à un avenir meilleur que les conditions difficiles qu'offrait l'île. S'engager dans la Marine représentait cette opportunité, bien qu'elle impliquât de quitter sa famille et l'île. À l'âge de 22 ans, il quitta la Réunion en décembre 1942, à destination de l'école de la Marine nationale de Tamatave, à Madagascar.
De son engagement le 21 décembre 1942 au 6 novembre 1943, il effectue ses classes de matelot. Choisissant la spécialité de mécanicien, il est ensuite affecté à Diégo Suarez jusqu'au 1er janvier 1944. Immédiatement après, il embarque sur l'aviso colonial d'Entrecasteaux, navire avec lequel il navigue dans l'océan Indien (notamment à Diego Suarez, Aden et Djibouti) jusqu'en septembre 1944. Le 25 août 1944, l'Entrecasteaux rejoint Bizerte avant d'être mis en réserve.
Durant les huit premiers jours de septembre, mon père suit une formation au Centre de Formation des Indigènes (CFI) de Sidi Abdallah en Tunisie, puis embarque sur le patrouilleur Mameluck du 21 septembre 1944 au 1er novembre 1945.
Ce bâtiment était principalement dédié à des missions d'escorte, de patrouille et de lutte anti-sous-marine, aussi bien en métropole que dans les colonies africaines et en Extrême-Orient. Ainsi, lors de la Libération le 8 mai 1945, il se trouvait en mer ou dans un port, n'ayant pas encore 25 ans.
À la fin de la guerre, il retourne à Diego Suarez où il reste un peu plus de trois ans. Il y obtient le grade de quartier maître et signe un réengagement. Il embarque ensuite sur le navire Le Malabar pendant un peu plus d'un an, puis revient à Diégo-Suarez pour trois ans, jusqu'à son mariage avec ma mère.
Pour pouvoir se marier à la Réunion, il doit obtenir l'approbation de sa hiérarchie et une enquête de moralité est menée sur sa future épouse et sa famille. Une fois les démarches administratives achevées, il retourne sur l'île et épouse ma mère le 26 octobre 1953 au Tampon, en tenue de sous-officier second maître (premier mariage de la commune dans cet uniforme).
Mes parents repartent pour Madagascar aussitôt pour quelques mois avant de quitter définitivement Diego Suarez en juillet 1954 pour Toulon, où il achève sa carrière et fonde notre famille.
Suite à son mariage, mon père n'a plus eu l'occasion de revoir son père, mais a pu rendre visite à sa mère une seule fois en 1971. Ma mère a vécu une situation similaire : après son mariage, elle n'a plus revu son père, mais a retrouvé sa mère une fois en 1965 à Toulon.
Mon père prend sa retraite le 31 juillet 1970 avec le grade de Maître, après 27 ans, 7 mois et 10 jours de service. Il décède à Toulon le 15 janvier 1985 sans jamais revoir son île natale après son dernier voyage de 1971.
Honorer sa mémoire, c'est aussi reconnaître l'histoire de ces hommes et femmes de l'île qui, loin de leur terre natale, ont œuvré pour la liberté. Son parcours, de jeune cheminot à Maître de la Marine nationale, illustre une vie marquée par l'engagement, le courage et la fondation d'une nouvelle vie, tout en conservant un lien profond, bien que douloureux par l'absence, avec sa terre d'origine.
* Les dates de son parcours militaire sont tirées de ses papiers personnels notamment ses états de services.
#Généathème est un défi lancé par Généatech. Le thème change tous les mois.


