GENEVIÈVE VIDOT, FILLE DE L’EXILÉ

05/07/2025

Geneviève VIDOT (Sosa 2025) naît le 8 octobre 1695 à Sainte-Suzanne et est baptisée le 9 juin 1696 à Saint-Paul. Son parrain est son oncle maternel Romain ROYER, et sa marraine, sa tante Geneviève ROYER. Elle est apparentée aussi bien à ma branche maternelle que paternelle.

Elle est la fille de Marc VIDOT (Sosa 4050), né Marco VIDOTTO, et de Marie ROYER (Sosa 4051).

Le 5 mars 1715, Geneviève épouse Jean BOYER (Sosa 2024) à Sainte-Suzanne. Ensemble, ils ont plusieurs enfants dont un fils, Jean-Baptiste (Sosa 1012). Le couple possède une plantation de café à Sainte-Suzanne, selon le recensement de 1742. En 1749, le domaine de Geneviève VIDOT, devenue veuve BOYER, compte 2000 pieds de café.

L'enfance de Geneviève est marquée par des événements tumultueux, notamment l'implication de son père dans l'affaire du gouverneur VAUBOULON. Avant d'aborder les détails de ce procès, un retour sur ses parents s'impose.

Son père, Marco VIDOTTO, est baptisé le 23 mai 1660 à Rovigno, alors territoire de la République de Venise (aujourd'hui Rovinj, en Croatie). Il est le fils de Domenega BARZELOGNA et Francisco VIDOTTO. Il arrive sur l'île Bourbon vers 1681 à bord du navire Le Soleil d'Orient, en provenance des Indes.

Encore jeune, il épouse Marie ROYER, une mulâtresse de 13 ans, fille naturelle et reconnue du chirurgien métropolitain Antoine ROYER et de Françoise COUCARINE, une servante malgache mariée à Louis VEL, également malgache.

Le couple s'installe à Sainte-Suzanne, vivant près du beau-père de Marc, marié à Marguerite TEXERE, une Indo-Portugaise venue avec ses compatriotes contribuer à l'implantation de la colonie. Marc VIDOT aura trois enfants : un garçon et deux filles. Son fils Antoine donnera naissance à seize petits-enfants en seulement 31 ans, témoignant d'une descendance particulièrement féconde.

En 1690, l'île est secouée par l'arrestation du gouverneur Henri HABERT de VAUBOULON, en pleine messe dominicale. Détesté pour sa sévérité et sa cupidité, il est renversé par une coalition formée notamment du Père Hyacinthe, d'Antoine ROYER, de Michel FIRELIN, de Marc VIDOT, Jacques BARRIERE, Julien ROBERT et Robert DUHAL.

À la suite de la destitution du gouverneur Vauboulon, la fonction est proposée au père Hyacinthe, qui décline l'offre. C'est finalement Michel Firelin qui est élu gouverneur par les colons le 4 mars 1691. Sa première décision est de faire restituer les sommes indûment perçues par Vauboulon. Après la mort de ce dernier et l'installation de Firelin, l'île de Bourbon connaît une période d'autonomie partielle, que certains historiens désignent sous le nom de "République de Bourbon" — un terme toutefois simplificateur, car le pouvoir y est exercé par les colons sans reconnaissance officielle de la monarchie. Firelin, toutefois, peine à conserver l'adhésion de l'ensemble des habitants et finit par démissionner le 29 avril 1694. Le pouvoir est alors confié à un directoire composé de six membres.

Mais l'affaire Vauboulon ne s'arrête pas à sa disparition. Face aux troubles persistants et à l'insoumission des colons, la Couronne décide d'intervenir pour rétablir l'autorité royale. Un important procès s'ouvre ainsi en mai 1697 à Rennes, visant à juger les principaux protagonistes de la révolte et de l'arrestation du gouverneur.

Le gouverneur meurt en détention le 18 août 1692, probablement empoisonné. Son valet avait été exécuté en mars de la même année par un tribunal populaire.

Les six hommes sont traduits devant la justice royale à Rennes, accusés de révolte et de la mort du gouverneur.  Antoine ROYER, père de Marie, est également impliqué. Bien que sa complicité soit reconnue par le tribunal royal de Rennes, il échappe aux lourdes sanctions infligées aux autres accusés. Cela laisse supposer qu'il bénéficia d'une protection particulière dans cette affaire.

En 1696, un an après la naissance de Geneviève, Marc VIDOT est rapatrié en France sur le navire Le Faucon, puis emprisonné à Lorient. Il est enchaîné en Bretagne avant d'être envoyé aux galères à Marseille.

Voici les sentences rendues :

Michel FIRELIN, instigateur du soulèvement, est condamné à la pendaison.

Le Père Hyacinthe est remis aux autorités ecclésiastiques et termine ses jours au couvent des Capucins à Hennebont (56).

Jacques BARRIÈRE et Robert DUHAL écopent des galères à perpétuité.

Marc VIDOT est condamné à cinq ans de galères.

Julien ROBERT (Sosa 1036 et 1072) à dix ans.

Tous périront avant la fin de leur peine.

Marc VIDOT décède à l'hôpital des galères de Marseille le 21 avril 1704, sans jamais revoir sa famille. Son épouse, Marie ROYER, n'apprend sa mort que dix ans plus tard. Geneviève n'a alors que neuf ans lors du décès de son père.

Veuve, Marie élève seule ses enfants. En 1699, elle donne naissance à un fils naturel, Jacques PITOU, d'un père créole mulâtre du même nom. Plus tard, elle se met en ménage avec Pierre BOYER, un autre créole, dont elle aura quatre enfants. En 1715, elle l'épouse et légitime leurs enfants.

Marie ROYER s'éteint le 13 septembre 1748, à l'âge de 72 ans.

Quant à Geneviève VIDOT, elle décède le 15 novembre 1765 à Saint-Benoît, à l'âge de 70 ans. Veuve de Jean BOYER, elle s'était remariée avec Jacques LEGRAND.

Avec sa disparition, le nom de VIDOT s'efface également de mon arbre généalogique.




#Les rameaux cachés : ce défi généalogique né dans le groupe "Raconter sa généalogie" propose une exploration originale de nos arbres généalogiques. Le principe ? Découvrir et partager, chaque 5 du mois, l'histoire d'un ancêtre ou collatéral dans la cime de notre arbre généalogique, dont le nom apparaît très rarement (1 à 3-4 fois). Une façon de redécouvrir ces ancêtres invisibles, de leur redonner une place dans notre mémoire.