FONTAINE JEAN DEVENU FRÈRE JOSEPH-MARIE

21/04/2025

Après avoir fait la connaissance de son frère Casimir dans un article précédent, nous voici maintenant plongés dans l'histoire de Jean. Le prochain de cette série sera dédié à Onésime, le troisième frère de la famille FONTAINE.

Fontaine Jean est né à Saint-Louis, dans le diocèse de Saint-Denis le 13 mai 1839. Il est le fils de Jacques  FONTAINE et de Marie Antoinette FONTAINE. Sa famille a des liens de parenté avec ma famille maternelle.

À quatorze ans, inspiré par l'exemple de ses deux frères Casimir et Onésime déjà dans notre Institut, il quitta sa famille pieuse pour entrer le 9 juillet 1853 au noviciat de Saint-Denis. Il prit l'habit le 7 septembre 1853 et devient Frère Joseph-Marie. Le 15 septembre 1869, il réussit son brevet et l'année de la proclamation du dogme de l'Immaculée Conception, il commença un ministère auprès des enfants qu'il poursuivit pendant plus d'un demi-siècle.

Il exerça dans diverses écoles de la colonie et de l'île Maurice, puis dirigea notre maison de Sainte-Marie jusqu'en 1892, date de la laïcisation des écoles à la Réunion. De retour à Saint-Denis, il occupa différents postes, comme professeur et sous-directeur de notre école libre Saint-Michel.

Dans ses fonctions de sous-directeur, son contact avec les parents d'élèves était marqué par une grande réserve et une urbanité exquise. Il appliquait la règle de s'entretenir brièvement avec eux, et malgré des demandes parfois insatisfaites, les parents repartaient contents.

Frère Joseph-Marie était d'une amabilité remarquable, rendant son approche douce et agréable. Maître de lui-même, discret et humble, il a mené une vie religieuse et d'éducateur chrétien en faisant le bien dans l'anonymat. Ses anciens élèves et ceux qui l'ont connu se souvenaient de lui comme du "bon Frère Joseph".

Sa piété, sincère et directe, transparaissait dans sa manière d'accomplir ses exercices spirituels. Toujours présent à la chapelle, il priait respectueusement malgré la difficulté de rester longtemps à genoux en raison de ses infirmités. S'il s'asseyait, c'était par faiblesse ou souffrance. Il méditait, examinait sa conscience et priait souvent, comme en témoignaient les pages usées de son manuel de piété.

Animé d'un véritable esprit communautaire, Frère Joseph-Marie était toujours présent aux différents exercices. En fidèle disciple de saint Jean-Baptiste de la Salle, il appréciait la compagnie de ses confrères et ne s'en éloignait que lorsque ses souffrances étaient trop vives.

Il témoignait d'une grande déférence envers ses supérieurs, ne permettant aucune critique à leur égard en sa présence. Il rappelait qu'il ne nous appartient pas de juger nos dirigeants, mais d'obéir à leurs commandements.

Avec sa piété et sa fraternité chaleureuse, Frère Joseph-Marie était très charitable envers ceux qui souffraient. Il cherchait par tous les moyens à les soulager et prodiguait de bons conseils et des encouragements précieux dans les moments difficiles.

Très dévot à l'Eucharistie, il communiait quotidiennement. Pendant plusieurs mois sans aumônier, il se rendait péniblement à l'église paroissiale pour ne pas manquer la communion. Durant sa dernière maladie, malgré les difficultés de mouvement, il se traînait à la chapelle pour recevoir la sainte Eucharistie. Lorsque cela devint impossible, Jésus lui rendit de fréquentes visites sur son lit de douleur, ultime consolation.

Sa dévotion envers la Sainte Vierge était remarquable. Il l'appelait simplement « la bonne Mère ! » avec une tendresse filiale évidente. Son chapelet était toujours à portée de main, et ses Ave Maria étaient offerts pour les besoins de l'Église, de son Institut, du district, des personnes qui se recommandaient à ses prières et pour les âmes du purgatoire.

En juillet 1918, une chute lui fractura le col du fémur. Après de longs mois de souffrance, il put se déplacer avec des béquilles. Une nouvelle chute quelques mois plus tard lui démit le poignet et raviva ses douleurs, l'empêchant de se servir de ses jambes. Presque complètement immobile, il fit preuve d'une douce patience et d'une résignation absolue à la volonté de Dieu. Durant ses huit derniers jours de souffrance intense, il répétait les prières qu'on lui suggérait et récitait sans cesse des Ave Maria.

Après avoir reçu les sacrements en pleine conscience, Frère Joseph-Marie s'est endormi pieusement dans le Seigneur le 15 décembre 1919, à l'âge de 80 ans, après 67 ans de vie religieuse et 53 ans de profession perpétuelle.