DE SAINT-LOUIS A ROSE-HILL : L’ITINÉRAIRE DE FRÈRE LÉON-BERNARD

03/10/2025

Le Frère Léon-Bernard, de son nom civil Grondin Joseph, Cyprien, naquit à Saint-Louis (La Réunion) le 12 mars 1853. Il était le fils de Noël Odilon Grondin et de Marie Célerine Bénard, et grandit au sein d'une famille profondément chrétienne qui comptait cinq enfants, dont plusieurs embrassèrent également la vie religieuse. Il était un collatéral apparenté à la famille de ma mère.

Attentif à l'appel du Seigneur, il entra au noviciat de Saint-Denis le 19 mai 1868. Le 15 août 1868, en la fête de l'Assomption, il reçut l'habit religieux et prit le nom de Frère Léon-Bernard. Doué d'une intelligence vive et d'une grande piété, il s'illustra rapidement par sa docilité, son ardeur au travail et son esprit de foi.

Après son noviciat, il fut envoyé d'abord à Saint-Philippe, puis à Saint-Pierre, où il commença sa carrière d'enseignant. Dès 1872, il démontra ses talents pédagogiques : le 10 juin 1872, il obtint à Saint-Denis le Brevet élémentaire, donnant ainsi un éclatant démenti aux calomnies de ceux qui prétendaient que les Frères n'étaient pas instruits. Deux ans plus tard, il réussit également le Brevet supérieur, ce qui lui permit de conduire ses propres élèves à de nombreux succès aux examens officiels.

En 1886, il fut envoyé à l'île Maurice, au collège Saint-Joseph de Curepipe, où il demeura vingt-six années. Enseignant passionné, humble et généreux, il se montra toujours disponible, aussi bien pour ses confrères que pour ses élèves. Ses qualités pédagogiques, alliées à une patience et une simplicité remarquable, lui valurent l'estime unanime. En 1893, il fut nommé Préfet de discipline, charge qu'il assuma avec dévouement, toujours guidé par son désir du bien et par un profond amour des enfants.

En 1912, il rejoignit la communauté de Rose-Hill, où il continua, malgré son âge avancé et des classes très chargées, à obtenir pour ses élèves d'excellents résultats, notamment aux examens donnant accès au Collège Royal. Son enthousiasme pour l'enseignement restait intact : « Au Ciel, le repos, le bonheur ! » aimait-il répéter.

Profondément religieux, le Frère Léon-Bernard se distinguait par sa fidélité à la prière, son attachement au chapelet, sa dévotion à la Vierge Marie et à saint Joseph, ainsi que son amour ardent pour l'Eucharistie. Chargé longtemps de la Congrégation mariale, il transmit à ses élèves une solide piété et suscita plusieurs vocations religieuses.

En janvier 1924, affaibli par la maladie, il dut s'aliter et fut transporté à l'hôpital pour une opération. Conscient que son heure approchait, il répétait : « J'ai achevé ma course et j'attends ma récompense du bon Dieu. » Après avoir reçu l'Extrême-Onction, il s'endormit paisiblement dans le Seigneur le 9 février 1924, jour consacré à la Vierge Marie, à laquelle il avait confié toute sa vie.

Ses funérailles furent un véritable triomphe. Présidées par Mgr Murphy, évêque de Port-Louis, entouré d'un grand nombre de prêtres et suivies par une foule considérable, elles témoignèrent de la reconnaissance et de l'estime que lui portaient ses élèves, ses confrères et la population.

Ainsi s'achevait la vie d'un religieux humble et zélé, modèle de dévouement et de fidélité, qui consacra cinquante-cinq années à Dieu et à l'éducation chrétienne de la jeunesse.


CARTE DE L'ILE MAURICE
CARTE DE L'ILE MAURICE