
CHARLES HOAREAU, FRÈRE JADÈRE-DE-LA-CROIX UN DESTIN PIEUX ET PRÉCOCE A L'ÎLE DE LA RÉUNION
Charles Docité Dieudonné naquit le 11 février 1841 à Saint-Joseph, fils de Charles Docité Hoareau et Marguerite Zulmée Leichnig. Il était l'un des neuf enfants du couple et un collatéral de ma branche paternelle et maternelle.
Très tôt, il fut la joie et la consolation de ses parents pieux. Élève de l'école des Frères, il s'y distingua par sa candeur et son innocence, devenant rapidement un modèle pour ses condisciples, cité avec affection par ses maîtres. Son frère, Léonard Chérisseuil, entra lui aussi dans la congrégation en 1869, mais il la quitta douze ans plus tard, en 1881.
Se sentant appelé à la vie religieuse, il entra au noviciat de Saint-Denis le 13 septembre 1855. Le 17 mai 1856, jour de la fête de la Sainte Trinité, il reçut l'habit religieux et prit le nom de Frère Jadère-de-la-Croix. Son noviciat achevé, il fut successivement envoyé à La Possession, Sainte-Rose, Saint-Benoît et l'Entre-Deux. Partout, sa bonté, sa piété tendre, son obéissance, sa modestie et son zèle lui gagnèrent l'affection de ses supérieurs, de ses confrères et de ses élèves. Il acceptait avec docilité toutes les missions qui lui étaient confiées, ne demandant rien, ne refusant rien, trouvant toujours contentement dans les lieux et les personnes qu'il rencontrait.
En classe, il montrait douceur et patience, et savait tenir ses élèves avec fermeté bienveillante. Sa mortification dans la nourriture était si remarquable que l'on pense que cet excès de tempérance affaiblit sa santé et prépara sa maladie. Sa piété, simple et sincère, se manifestait dans la fidélité aux règles, sa tendre dévotion à la Sainte Vierge et à saint Joseph, et son attachement au saint état religieux, qu'il scella par ses vœux annuels, renouvelés avec joie.
Depuis quelques mois, sa santé s'était dégradée. Le 7 juin 1863, à son retour de la procession du Saint-Sacrement, il se sentit plus fatigué qu'à l'accoutumée. Malgré les prescriptions suivies du médecin, son état empirait. Le 14 juin, une fièvre typhoïde se déclara avec gravité, nécessitant les derniers sacrements. Transporté à Saint-Pierre pour recevoir les soins du docteur Barquisseau, il s'éteignit doucement quelques jours plus tard. Il avait alors seulement vingt-deux ans, avec huit ans de vie en communauté.
Le 22 juin 1863, après la récitation des prières des agonisants, le cher Frère Jadère-de-la-Croix remit son âme pure à Dieu, en la maison des Frères de l'école chrétienne sise rue des bons enfants, à Saint-Pierre.
Le lendemain, une messe fut célébrée dans la chapelle de la communauté, suivie de funérailles solennelles présidées par le curé de Saint-Pierre. Une foule immense, composée de prêtres, de sociétés pieuses et d'habitants, accompagna ses restes au cimetière, témoignage éloquent de l'affection et de la vénération que suscitait ce jeune religieux. Son corps fut inhumé dans un terrain concédé par le maire de Saint-Pierre.
Le journal Le Courrier de Saint-Pierre du 23 juin 1863 mentionnait ainsi sa mort :
« Un Frère des Écoles chrétiennes de l'Entre-Deux, en religion Frère Jadère-de-la-Croix, descendu malade au quartier, y a succombé d'une fièvre typhoïde, lundi 22 courant. Une affluence considérable assistait, mardi, à l'enterrement de ce digne religieux, appartenant à une corporation si dévouée à ses modestes fonctions ; elle a voulu, par sa présence, témoigner hautement la vénération mêlée d'affection qu'elle éprouve pour les bons Frères. »
*Tous
les récits individuels sur les Frères ci-dessous sont tirés des copies
d'archives aux Archives Lasalliennes. Tous ceux cités ici ont un lien
avec mon arbre généalogique.
